Le Projet Mercury Spot en Ligne: Dr. Yapo Félix Boa
Dans ce spot en ligne, nous présentons le Dr Yapo Félix Boa, responsable scientifique de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Le Dr Boa collaborera avec le partenaire du consortium basé à Abidjan, le Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (CERAP), et le Dr Arsène Brice Bado, co-responsable scientifique de l’équipe de recherche de Côte d’Ivoire.
En mi-mars 2021, la Côte d’Ivoire a enregistré le premier cas de COVID-19. Pour contenir la propagation du virus, le gouvernement ivoirien, dès le début de la pandémie a mis en place diverses mesures restrictives incluant les couvre-feux, la fermeture temporaire des frontières internationales et des écoles. Malgré ces différentes mesures, en septembre 2022, la Côte d’Ivoire a enregistré 87,159 cas confirmés et 824 décès due à la COVID-19. Dans le même temps, une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que ces chiffres sont largement sous-estimés.
La Côte d’Ivoire a été le deuxième pays en Afrique subsaharienne à recevoir les vaccins COVID-19. En septembre 2022, la Côte d’Ivoire a administré un total de 18,547,812 doses de vaccins. Avec seulement 32% de la population vaccinée, la Côte d’Ivoire reste en deçà de l’objectif de vaccination mondiale de 70% fixé par l’OMS pour juin 2022. Dans un contexte où l’offre de vaccin devient de plus en plus disponible, le projet Mercury: Health Ambassadors vise à adresser la question relative à l’hésitation vaccinale contre la COVID-19 en Côte d’Ivoire par le biais d’une intervention, dans laquelle les “ambassadeurs de la santé” s’engageront de manière proactive auprès des ménages en leur offrant l’opportunité de discuter des préoccupations concernant le vaccin COVID-19.
Dr Boa est professeur émérite de médecine spécialisé en neurologie à l’Université Félix Houphouët Boigny. Auparavant, il a été directeur général du centre hospitalier universitaire (CHU) de Bouaké, en Côte d’Ivoire, et directeur général du ministère de la Santé. Nous nous sommes entretenus avec lui pour en savoir davantage sur sa vaste expérience professionnelle dans le secteur de la santé en Côte d’Ivoire. Nous l’avons interrogé sur les facteurs socioculturels tels que les croyances en l’efficacité et l’innocuité du vaccin qui pourraient affecter l’adoption du vaccin contre la COVID-19 en Côte d’Ivoire. Enfin, le Dr Boa a eu l’opportunité de nous expliquer pourquoi il pense que la stratégie des ambassadeurs de la santé peut être un modèle prometteur pour augmenter l’adoption du vaccin.
Quel est votre rôle actuel et quelles expériences votre organisation a-t-elle eues qui peuvent contribuer à la conception de l’intervention?
Je suis un enseignant-chercheur, professeur émérite de médecine spécialité neurologie. Très tôt (1982) j’ai dirigé un projet de recherche sur la maladie du sommeil à l’intérieur du pays (Daloa). J’ai ensuite occupé les fonctions de chef de service de neurologie du CHU de Yopougon, directeur des établissements et professions sanitaires, directeur du CHU de Bouaké et directeur générale de la santé.
Durant ce parcours j’ai effectué beaucoup de travaux de recherche qui ont été publié dans plusieurs journaux scientifiques qui ont permis d’être agrégé(1990) puis professeur titulaire de neurologie(2016). Ce parcours m’a aussi permis de connaitre et d’être connu par tous les acteurs de la santé de mon pays, aussi bien ceux qui animent les directions centrales que ceux qui sont au niveau opérationnel.
Concomitamment, j’occupe depuis 2002 jusqu’à ce jour le poste de président du Comité National des Experts pour l’éradication de la poliomyélite. A ce titre je suis partie prenante de toutes les réunions d’analyse des données de vaccination des enfants et participe à toutes les campagnes de vaccination contre la poliomyélite sur le terrain. C’est toute cette expérience et cette connaissance du terrain que je mets à la disposition du CERAP où j’enseigne l’organisation des institutions sanitaires depuis quatre ans.
À votre avis, quels sont les potentiels facteurs contextuels à prendre en considération pour faire face à la problématique relative à l’hésitation des populations à la prise du vaccin contre la COVID-19
Les lobbys anti-vaccins sont très actifs sur les réseaux sociaux. Malheureusement dans l’Afrique d’aujourd’hui les citoyens n’ont pas une grande confiance en leurs gouvernants. Donc les informations officielles sont prises avec beaucoup de réserves.
Les personnes qui doivent aller sur le terrain (ambassadeurs) doivent maitriser les fondamentaux de la COVID 19, de la vaccination, les composants et le fonctionnement des communautés où ils vont exercer. Ils doivent avoir une grande complicité avec les agents de la santé du milieu où ils vont exercer. Leur durée dans ce milieu doit être suffisante pour conquérir la confiance de tous.
Dites-nous pourquoi vous pensez que les ambassadeurs de la santé peuvent être un modèle prometteur pour délivrer des informations sur la vaccination.
Je réaffirme qu’il s’agit ici de combattre des fausses rumeurs qui sont ancrées dans l’opinion des populations, même acceptées par certains agents de santé. Je suis convaincu que des ambassadeurs bien formés peuvent détruire les rumeurs véhiculées par les réseaux sociaux et favoriser l’acceptation du vaccin COVID-19.
Depuis que je suis dans les activités de vaccination en ma qualité de président du comité des experts pour l’éradication de la poliomyélite, nous rencontrons à chaque campagne des résistances que nous arrivons à vaincre quand nous prenons le temps de bien parler aux responsables des familles.
Quels sont certains des résultats que vous espérez que la collaboration de recherche produise?
Je rappelle qu’il s’agit d’une recherche scientifique donc les résultats doivent être probants, indiscutables. Mon souhait est qu’elle aboutisse à un renforcement de notre communication en matière de santé avec la population. Au-delà qu’elle créée une équipe expérimentée sur les questions d’approche anthropo-sociologiques du domaine de la santé et favorise des liens de convivialité entre les chercheurs.